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L’ATELIER, c’est quoi ?

L'ATELIER

Les objectifs

1. Créer du lien social

2. Créer des liens intergénérationnels

3. Reconsidérer le travail manuel en valorisant son image

4. Développer un nouvel attrait

5. Donner du sens au travail manuel

6. Découvrir les vertus du travail manuel

7. Favoriser le travail en groupe

8. Susciter des vocations chez les jeunes

9. Développer le tutorat en tant qu'outil d'intégration et de transfert de compétences

10. Faire le lien entre connaissances (cognitif) et dextérité manuelle


CREER DU LIEN SOCIAL ET INTERGENERATIONNEL

1. Créer du lien social à travers le travail

 

Même s'il s'agit de petit "bricolage", L'ATELIER a pour ambition de donner du sens au travail et par la même occasion créer du lien social (socialisation).


La cohésion sociale est le "ciment" qui assure l'unité d'un groupe social. Elle n'est pas pour autant synonyme d'absence de conflit. On peut parler de cohésion sociale dès lors que le groupe coopère et que ce que rassemble l'emporte sur ce qui divise.

 

Le travail facilite l'intégration car appartenir à un groupe de travail constitue un collectif et tissent les liens. Ainsi, le travail est une instance de socialisation : l'individu rentre en contact avec d'autres, partage des tâches, vit des conflits et, au total, se forge une identité aussi bien dans le regard qu'il se porte à lui-même que par rapport aux regards extérieurs.

 

La socialisation définit le processus par lequel l'individu acquiert les valeurs, les normes et la culture d'une société. Ce processus s'effectue d'abord au sein de la famille et de l'école, ce que l'on appelle la socialisation primaire. Puis il se poursuit tout au long de la vie, socialisation secondaire, à travers l'activité professionnelle, par exemple. Pour le sociologue Emile Durkheim (1858-1917), le processus de socialisation se compose en deux éléments :


- L'intégration par laquelle l'individu se sent solidaire des autres et des objectifs communs de la société ;


- La régulation par laquelle l'individu accepte les règles, les usages et les contraintes de la vie sociale, ce qu'il appelle : "l'intériorisation de la contrainte".


Le lien social découle de la socialisation puisqu'il traduit l'ensemble des relations qu'entretiennent les individus entre eux. L'auteur Robert Castel parle de désaffiliation sociale provenant notamment d'une non-intégration de l'individu par le travail.


E. Durkheim, De la division du travail social, Paris, PUF, 2007


Robert Castel Le travail au long cours. Entretien avec Robert Castel, Vacarmes, 40, 20 mars 2007



2. Créer des liens intergénérationnels


Le lien intergénérationnel reste déterminant dans la cohésion de la société : facteur de solidarité, il contribue au dynamisme économique et social du pays.


L'ATELIER propose un lieu d'entraide dans une recherche d'activité manuelle pour les jeunes et d'utilité sociale pour les aînés. Selon cette conception, l'intergénération désigne non plus un conflit potentiel (le conflit des générations) mais une recherche d'entente qui sublime les "effets de générations".


La coexistence des générations ne va pas (plus) de soi. Les auteurs insistent sur les changements auxquels nos sociétés font face, en convoquant le passé ou la nature, mais restent silencieux sur le contenu du changement. Soulignons le caractère "naturel" de l'intergénération, tout en suggérant que nos sociétés n'en permettent plus l'exercice spontané et nécessitent la mise en place de dispositifs d'incitation. L'ATELIER en est un exemple.



Valoriser le travail manuel

1. Le travail manuel déconsidéré

Un regard suffit pour constater la déconsidération dont fait l'objet le travail manuel dans notre société.

 

Cette déconsidération du travail manuel engendre un véritable processus de déshumanisation chez ceux qui sont alors perçus comme "ratés" ou "médiocres". Ainsi, penser une nouvelle philosophie du travail devient un enjeu de santé publique.


Mais la distinction entre travail manuel et le travail intellectuel est profondément enracinée dans notre conception grecque de la liberté qui oppose matière et esprit. La morale aristocratique des grecs considérait que l'accomplissement ultime de la vie se situait dans le domaine de la culture. Comme les Grecs qui, fuyant la contrainte, reléguaient le travail aux esclaves, on forme aujourd'hui à rejeter le travail manuel.


Si nombreux sont les penseurs à avoir dénoncé cette déshumanisation du travailleur manuel, dont Marx, (les analyses économiques de Marx sur l'alinéation de l'ouvrier conservent une remarquable pertinence), peu se sont libérés de cette conception grecque de la liberté comme a pu le faire Joseph Vialatoux, philosophe emblématique du catholicisme social. Aux prémisses de sa philosophie du travail, il adopte une conception chrétienne de la liberté qui intègre la matière plutôt qu'elle ne s'y oppose. La liberté devient action de l'esprit sur la matière et n'oblige plus à séparer le réel en deux. On appréhende la réalité de l'homme sans filtre : il n'y a plus stricte séparation entre matériel et spirituel mais unité d'un esprit incarné. Le travail manuel ou intellectuel n'existe pas. A l'image de la main, tout travail devient "incarnation de notre intelligence et intellectualisation de notre corps".


A la même époque dans les usines, les ergonomes mettent en lumière "l'intelligence ouvrière" qui est systématiquement sollicitée pour arriver au produit fini. L'évidence de mieux en mieux reconnue que le travail manuel "pur" n'existe pas rappelle le beau mot de Proudhon : tout travail est "émission de l'esprit". Soit une approche du travail qui devrait pouvoir rendre compte des aspirations de Christophe Clerfeuille et nous faire voir, derrière les poubelles et les dossards jaunes, les travailleurs non pas esclaves mais pleinement hommes et se revendiquant comme tels.

 
 

2. Un nouvel attrait vers les métiers manuels

A priori, un très grand nombre de candidats au bac se verraient bien, s'ils réussissent leurs études, exercer ensuite dans une grande entreprise ou une administration souvent pour des raisons de stabilité de l'emploi, de préférence au siège ou près du centre de décision si possible, dans des emplois du marketing, de la finance, du management ou de la stratégie, ou encore dans les services… Quels sont au contraire les postes dont beaucoup s'éloignent ? Ceux qu'offrent les petites structures (PME), ceux de la production, des chantiers, de la construction, des usines ou encore de la vente.

 

Cependant tous les jeunes ne se reconnaîtront pas dans cette typologie. Les exceptions sont nombreuses. Reste que tous ces métiers "idéaux", pour autant qu'on puisse en juger, traduisent plutôt une sorte de glissement généralisé de la production vers des activités toujours plus "virtuelles", plus théoriques, où le numérique joue un rôle croissant, où le contact avec la matière et même avec autrui est de plus en plus absent. Vers des activités "dématérialisées", en quelque sorte. Une évolution qui recoupe d'ailleurs un des maux actuels de notre économie : la désindustrialisation, le "fabless" malgré les tentatives des pouvoirs publics d'enrayer le mouvement.


Dès lors, la question se pose : ces métiers qui ont la cote sont-ils vraiment le bon choix pour les jeunes ? Sont-ils pour eux un gage d'épanouissement ? Rien n'est moins sûr. Certes, ce mouvement semble épouser l'extraordinaire poussée du numérique, qui tend à aspirer massivement les compétences. Certes, les conditions de travail et les perspectives de rémunération jouent un rôle important dans ces représentations.


Mais elles ne sont pas les seuls à prendre en compte. Le contact avec la matière ou avec les autres, la confrontation presque physique avec le réel conduisent, il faut le rappeler, sur la satisfaction et la fierté d'avoir produit quelque chose de "solide" et de palpable, de réel, du concret. Ce type de travail est aussi une façon de trouver sa place dans le monde, et permet de structurer sa personnalité. Il n'est pas certain que passer une grande partie de sa vie assis à son bureau, devant un ordinateur, ou en réunion, soit aussi gratifiant.


Nombre de professionnels de l'orientation observent d'ailleurs que de plus en plus de jeunes diplômés qui exercent une de ces professions généralement jugées attractives, décident après quelques années de jeter l'éponge pour se tourner vers un métier manuel, artisanat, restauration, profession artistique, agriculture ou élevage… Vers un métier qui, à leurs yeux, "fasse sens", quitte à voir leur rémunération diminuée. C'est un sujet complexe. Mais le sujet mérite d'être évoqué, à l'heure où tant de questions se posent sur l'emploi des jeunes et sur l'évolution même au travail.

 
 

3. Un travail qui fait sens

De façon générale, on peut dire que l'emploi de qualité repose d'abord et avant tout sur la notion de sens. Idéalement, un travail est doté de sens quand il offre tout à la fois un sentiment d'utilité, des occasions d'apprentissage, une appartenance sociale, une possibilité de se réaliser, un revenu décent, un statut, des perspectives d'évolution ou à tout le moins une sécurité d'emploi. Partant, le problème est d'identifier les situations de travail qui se rapprochent le plus de ce modèle idéal, et inversement celles qui s'en éloignent aussi le plus. L'enjeu réside dans la promotion des premières et la transformation des secondes pour lutter contre les maux précités et réduire les coûts associés.

4. Le travail manuel et ses vertus

Il n'y a pas de doute. Les métiers manuels "artisanaux" font partie des plus signifiants. Par ces métiers, il entend tous ceux qui ont trait à une activité de fabrication ou de réparation d'objets de matériels, et qui portent encore en eux l'esprit artisanal. Plombier, maçon, électricien, mécanicien… : ces métiers sont censés déborder de vertus cognitives, sociales et psychologiques pour ceux qui en font l'expérience. Ils sont d'ailleurs loin d'avoir disparu de nos jours. Beaucoup d'entre eux se caractérisent au contraire par de constantes et importantes pénuries. En cherchant à réhabiliter ce genre de travail manuel, l'auteur nous propose alors une réflexion stimulante sur ce qui est source de sens et de valeur dans les activités professionnelles au sein de nos sociétés modernes. Ce faisant, il tente de repérer les aspects du travail et de la formation qui vont en ce sens et, à l'inverse, ceux qui s'inscrivent dans une direction opposée.



5. Le travail comme vous ne l'avez jamais imaginé

"Mettre les mains dans le cambouis n'a rien de dégradant. Bien au contraire". Les métiers manuels artisanaux représentent en effet des activités qui ont le mérite d'être clairement orientées vers une fin précise (fabriquer ou réparer tel objet) et réalisées de manière intégrale (le professionnel prend en main tout un processus). De plus, ce sont des activités extrêmement riches sur le plan cognitif. Elles ne peuvent jamais être réduites à l'application de règles prédéfinies et définitives. Elles requièrent toujours de l'intelligence en situation et une expertise spécifique. Par exemple, une vertu majeure du travail manuel est de solliciter énormément l'attention du travailleur - surtout dans les activités de réparation où il s'agit de décrypter des pannes ou des grippages avant d'agir. Les métiers manuels ont également pour qualité de procurer un fort sentiment de responsabilité. Selon l'auteur, le travailleur manuel exerce une activité aisément évaluable. Sur un chantier, vous disposez de critères objectifs pour évaluer votre propre contribution indépendamment des autres, et ce sont ces mêmes critères qui serviront à vos camarades de travail pour vous juger. Soit vous êtes capable de courber un câble rigide soit vous ne l'êtes pas, il n'y a pas d'échappatoire. Le travailleur manuel se distingue aussi par une forte indépendance d'esprit.


6. Favoriser le travail en groupe

Cette indépendance d'esprit n'a pourtant rien à voir avec un repli sur soi. En effet, le travail manuel s'inscrit toujours dans un cadre communautaire. D'une part, il est inséparable d'un groupe de pairs données ou d'une "communauté de pratiques" comme diraient certains. Ce sont notamment les pairs qui sont les plus compétents pour reconnaître la qualité d'un travail manuel. D'autre part, ce type d'acticité est indissociable d'une communauté de clients. Ceux qui exercent pareille acticité ont des relations directes avec des clients, et ces relations sont de nouvelles occasions pour évaluer leur prestation. La richesse du travail manuel artisanal s'apprécie donc aussi à l'aune de sa dimension sociale.

7. La satisfaction d'être connu socialement

Le bénéfice psychique que le travail manuel fournit n'est pas non plus négligeable. C'est un travail qui se révèle le plus souvent captivant. Il offre la possibilité d'occuper une place utile et reconnue dans la société. Il procure surtout un vif sentiment de plaisir au travail, en permettant au travailleur de s'engager à fond dans son activité, avec une impression gratifiante de compétence. Un électricien raconte par exemple comment au moment où, à la fin de son travail, il appuyait enfin sur l'interrupteur (" Et la lumière fut ") était pour lui une source perpétuelle de satisfaction. Il obtenait une preuve tangible de l'efficacité de son intervention et de sa compétence. Les conséquences de son travail étaient visibles aux yeux de tous, et donc personne ne pouvait douter de ladite compétence. Sa valeur sociale était indéniable.


8. Un savoir-faire qui trouve sa source dans une confrontation répétée avec le réel

Les métiers manuels sont par ailleurs associés à un mode de formation fondé sur l'acquisition progressive et patiente d'une expérience pratique. Matthew B. Crawford soutient l'idée, à la fois banale et irréfutable, que le savoir-faire ne peut naître que d'une confrontation répétée avec le réel. Il s'en est directement aperçu quand il s'employait à acquérir son propre savoir-faire : " Je reconnaissais implicitement que ma vigilance professionnelle laissait beaucoup à désirer : j'étais encore loin de pouvoir passer pour une personne lucide dotée d'un champ de vision ample et capable de percevoir la situation dans toutes ses dimensions. Ce sont là des qualités qui ne sont susceptibles d'être acquises que progressivement, au gré des circonstances." C'est une telle acquisition via l'expérience qui permet aux apprentis travailleurs manuels de s'approprier les principales exigences de leur métier, comme le fait, par exemple, d'être capable de discipliner son attention, ou d'intégrer à sa pratique la possibilité de l'échec ou de l'erreur (surtout lorsqu'il s'agit de réparer un objet).



9. Nécessité d'une personne ressource

De nature singulière, une telle expérience nécessite cependant la présence d'un autrui. Pour les apprenants se sera principalement un aîné de la profession ou un tuteur qui transmettra les ficelles du métier, les bonnes raisons d'agir de telle ou telle manière dans telle ou telle situation, les conseils utiles à suivre pour développer la pratique, une personne ressource indispensable pour améliorer le savoir-faire. Les discussions avec les pairs se révèleront particulièrement utiles.

 

Cela peut-être également une aide psychologique : encourager, sécuriser, intéresser, mettre en confiance, accueillir…


10. Un travail "intellectuel" qui semble bien pauvre en comparaison avec un travail manuel

Face aux métiers manuels artisanaux, les métiers exercés au sein des grandes organisations font pâle figure, nous dit l'auteur. Ils souffrent pour l'essentiel de la dissociation entre le "penser" et le "faire" ou entre la conception et l'exécution, instaurée au siècle dernier par l'industrie taylorienne et fordienne. Cette dissociation a conduit à démembrer les activités de travail en au moins deux grandes parties : une partie "manuelle", dégradée, dévalorisée et confiée à des ouvriers ou "cols bleus" expropriés de leur savoir-faire traditionnel ; une partie " intellectuelle ", valorisée et prise en charge par des " cols blancs " (managers, ingénieurs…), porteurs du seul savoir reconnu, supposé d'ordre technicoscientifique. L'intérêt pour Matthew B. Crawford est de montrer que les cols blancs sont en fait eux-mêmes victimes d'un processus de dégradation de leur travail. En regard du travail manuel artisanal, leur activité - dite de " bureau " - apparaît beaucoup moins signifiante, dès lors qu'elle est prise isolément et sortie de son contexte organisationnel. Elle offre aussi moins des possibilités de se montrer créatif et ne permet pas de construire des liens aussi forts de coopération et de solidarité entre pairs. Pour l'auteur, elle manque surtout de critères objectifs pour évaluer sa qualité et les personnels qui l'exercent. Les tâches liées à ce travail sont à vrai dire floues et peu à même d'être soumises à une sanction indiscutable, comme celle du fil à plomb pour le maçon. De là le sentiment d'irresponsabilité, sinon d'infaillibilité qui caractérise l'attitude de nombreux travailleurs intellectuels (surtout les managers). De là également le primat qu'ils accordent à leur image et à la qualité des relations qu'ils nouent avec leurs supérieurs hiérarchiques par rapport à leur compétence effective. De là enfin l'ambiguïté et l'arbitraire qui enveloppent la gestion de leur carrière au sein des grandes organisations.


11. Une surenchère des diplômes universitaires 

Quant aux pratiques éducatives ayant vocation à préparer au travail " intellectuel ", elles apparaissent problématiques. Elles renvoient aux études universitaires et aux diplômes correspondants. Elles sont d'autant plus privilégiées aujourd'hui que la "nouvelle économie" est censée avoir besoin de "travailleurs de la connaissance" aptes à apprendre constamment des choses nouvelles et à faire preuve de flexibilité. Mais elles contribuent à accorder un poids excessif aux diplômes universitaires. Elles provoquent, selon le sociologue Collins, une dynamique d'inflation des diplômes " apparemment sans fin, jusqu'au jour où il faudra un doctorat pour être concierge et où les baby-sitters ne pourront pas travailler sans un diplôme avancé de puériculture". En outre, ces pratiques ne sont pas sans effets pervers. Plus que les contenus dispensés, les notes, les unités de valeur et les diplômes deviennent les principaux objectifs des étudiants. Et, en termes de connaissances à acquérir, le " savoir comment " passe à la trappe au profit du seul " savoir que ".


Dans ce contexte, l'auteur doute de la capacité des études supérieures à former des jeunes vraiment indépendants, créatifs, épanouis, humbles, honnêtes, en prise avec le réel… à l'image de ce que permet le travail manuel. En particulier, l'expérience de l'échec, pourtant si formatrice, ne semble pas leur être inculquée.



12. Se réorienter vers des métiers manuels

Des milliers de jeunes diplômés de niveau bac+5 déçus par le marché du travail choisissent chaque année de se réorienter vers des métiers manuels *.


Ces réorientations précoces de jeunes diplômés constituent " un phénomène non négligeable ", écrit l'Association pour l'emploi des cadres (APEC) dans une enquête publiée en 2015 ; 14% des jeunes de niveau bac+5 ou plus (environ 4 700 ont répondu au questionnaire) déclarent avoir vécu un changement significatif d'orientation professionnelle dans les deux années suivant l'obtention de leur diplôme. Le dénominateur commun est la déception.



13. La main comme l'organe de l'esprit

Richard Sennett, sociologue américain, disciple de Hannah Arendt, même s'il ne partage pas sa vision du travail, a longtemps étudié les bénéfices du travail manuel. En résumant sa pensée, on peut dire qu'il est arrivé à la conclusion que quand la main divorce de l'esprit, c'est l'esprit qui en paye les conséquences. Le travail manuel retrouve ainsi une valeur qui a trop souvent été ignorée, étant perçu comme une perte de temps ou comme quelque chose de moins intéressant. Cela veut dire aussi que le travail manuel nous permet d'être davantage en contact avec la réalité (la vraie, celle en trois dimensions et non pas celle feinte des jeux vidéos), et qu'il nous donne également la possibilité d'être en contact avec nous-mêmes. A force de frôler les touchscreen nous avons oublié que nous avons l'or au bout des doigts.
 



Conclusion

Au fil du temps, le travail intellectuel l'emporte sur le travail manuel. Notre société a besoin d'intellectuels plutôt que de manuels, de cerveaux plutôt que de bras.

 

Or le travail manuel et le travail intellectuel sont tous deux une expression de l'intelligence humaine. On ne peut pas dire que l'un est supérieur à l'autre. Ils sont complémentaires.

 

Avant de penser, il faut se nourrir. C'est le travail manuel qui produit ce qui est absolument nécessaire à l'homme. La distinction entre travail manuel et travail intellectuel est fallacieuse. Que l'homme construise un meuble ou qu'il résolve des équations, il fait de toute façon appel à ses aptitudes intellectuelles. La dévalorisation du travail manuel est relativement récente.


Les Grecs considéraient que l'homme sage est un homme qui maîtrise plusieurs techniques. Jusqu'à la naissance de l'industrialisation, le bon ouvrier, l'artisan avaient droit à de la considération. La noblesse, si elle méprisait bien le travail en général, ne faisait pas de distinction entre celui qui enseigne pour gagner sa vie et celui qui cultive la terre. Tout travail manuel "noble" est intellectuel. La dépréciation du travail manuel n'est pas seulement idéologique. Elle se rapporte à un état de fait : le travail à la chaîne, lié au développement de l'industrialisation, transforme l'homme en une sorte d'automate. Mais " l'ouvrier spécialisé ", c'est-à-dire celui qui n'exécute qu'une seule et même tâche, sans jamais avoir à réfléchir, n'est pas l'artisan dont le savoir-faire et l'intelligence s'appliquent à toutes les étapes de la fabrication d'un objet.



Matthew B. Crawford - Eloge du carburateur - Essai sur le sens et la valeur du travail Edition La Découverte/Poche (25 mars 2010)












 

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